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La génération Y : Qui dirigera?

Bye-bye, boss!

Frédéric Blouin
Frédéric Blouin

Lorsqu'on a une telle diversité d'intérêts, le travail prend parfois une place toute relative. C'est le cas des Y. Phénomène nouveau, ils peuvent quitter leur travail sans crier gare, sans même être certains d'en trouver un autre. Frédéric Blouin, 31 ans, ingénieur électrique diplômé en 2001, a fait le saut. Après avoir travaillé cinq ans pour Victhom, une compagnie qui conçoit et fabrique des prothèses bioniques ultramodernes, il a renoncé à son salaire annuel de plus de 50 000 $ pour aller faire de la musique à Vancouver. «Ce n'est pas que je n'aimais pas mon travail, mais j'avais envie de faire de la musique et de voyager», explique-t-il. D'où son départ pour Vancouver il y a un an et demi, où il compose maintenant des chansons et apprend différents instruments (guitare, ukulélé, etc.). En plus de faire ce qu'il aime, il a davantage de temps pour réfléchir au monde qui l'entoure : «Il y a peut-être moins d'argent dans mon portefeuille, mais c'est une richesse que je cultive.» Ses réflexions l'ont également poussé vers le bénévolat. Il a notamment organisé, l'automne dernier, un spectacle-bénéfice au profit d'un organisme de sa région d'origine, Richmond, qui œuvre dans le domaine de la santé mentale.

Jacques Charuest est consultant en ressources humaines et diplômé de psychologie.
Jacques Charuest est consultant en ressources humaines et diplômé de psychologie.

Pour Jacques Charuest, consultant en ressources humaines et diplômé en psychologie de l'Université de Sherbrooke en 1979, les employeurs doivent s'habituer au fait que les jeunes travailleurs n'ont plus de loyauté envers l'organisation qui les emploie. «Leur loyauté est “transactionnelle”, explique-t-il. Ils disent : “Tant que vous me donnez ce qui m'intéresse, je vais être totalement loyal. Mais je sais que ça va avoir une fin.”» M. Charuest rappelle que les Y ont vu les gens de la génération X (nés entre 1966 et 1976) avoir des emplois précaires et se faire mettre à pied sans ménagement. Leur conclusion est donc parfaitement logique. Ils disent aux dirigeants de l'entreprise : «Si vous n'êtes pas en position de me garantir un emploi à vie, alors pourquoi devrais-je m'engager à vie?»

Élise Arguin
Élise Arguin

La précarité ne les effraie pas. En fait, le mot lui-même n'est peut-être plus adapté à leur vision du monde. Élise Arguin, 29 ans, qui a obtenu une maîtrise en environnement en 2007, vient de terminer un contrat au service des communications de la ville de Sherbrooke. Elle et son conjoint sont travailleurs autonomes. Situation délicate? «Au contraire, j'aime le fait de travailler à forfait, dit-elle. Ça me permet de vivre de nouvelles expériences. J'ai bon espoir qu'il y aura toujours quelque chose pour nous dans l'avenir.» Et la preuve de cette confiance, c'est qu'elle attend son premier enfant et que le couple vient d'acheter un duplex.